Histoire de la BA 112: deux Marnais primés
Même si la BA 112 « commandant Marin-la-Meslée » a été fermée le 30 juin 2011 et que l’Organe liquidateur 112 en achève le démantèlement conformément aux instructions données, l’histoire de cette grande baseaérienne française demeure. Mieux elle est remise au grand jour puisque le prix de l’Aéro-Club de France 2011 a été attribué vendredi soir à Frédéric Lafarge, administrateur du musée de la BA 112 et de l’aéronautique locale, ancien responsable des relations publiques de la base et au major Jean-Pierre Calka, une ancienne figure du contrôle aérien.
Ils avaient signé en 2010 chez Marines Editions un ouvrage à la fois original et remarquable sur la BA 112. Ce livre avait été préfacé par le général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air et ancien commandant de la 30e escadre de chasse à Reims au temps où il était lieutenant-colonel! Le général écrivait notamment de cette base: « Dire qu’elle est liée à l’armée de l’air est un euphémisme, tant sa vie se confond avec celle de notre institution ». Il ajoutait aussi: » Que les auteurs soient remerciés pour cet hommage à une base aérienne qui aura été de toutes les guerres que nous avons menées, de toutes les évolutions technologiques, de l’hélice au réacteur, des faucheurs de marguerite aux chasseurs supersoniques de reconnaissance et d’assaut. Une base qui aura également activement participé à la formation de nombreuses générations de pilotes de combat, français et étrangers, une base qui incarne finalement une grande partie de l’histoire de l’armée de l’air ».
Et bien cette fois les deux auteurs ont été reconnus par une vénérable institution pour leur sérieux, le temps passé à débusquer des documents oubliés, à retrouver des photographies exceptionnelles, à reconstituer des procédures et des temps de vie, à mettre en forme et à structurer dans une démarche logique, rigoureuse et pédagogique un travail qui résulte aussi d’une authentique passion. Comment ne pas être fier pour Reims et l’armée de l’air de l’attribution de ce prix à Frédéric Lafarge et Jean-Pierre Calka dont l’engagement désintéressé est un bel exemple de l’image rassurante qu’ils donnent au tissu associatif où ils savent aussi se mettre en tenue de service?
Le général Paloméros les a félicités, heureux que Reims soit à l’honneur. Il y a tant de souvenirs et puis c’est lui qui a dû en prononcer la dissolution au cour d’une cérémonie solennelle forte de dignité et d’émotion. Ils l’ont été aussi par Patrick Gantil le directeur de l’aviation civile, Catherine Maunoury la directrice du Musée de l’air et de l’espace, le médecin général inspecteur Valérie André, ancienne pilote d’hélicoptère, première femme à être nommée général, grand croix de la Légion d’honneur.
Les deux Marnais ont reçu dans les locaux de la rue Gallilée leur diplôme des mains du général Vincent Lanata ancien chef d’état-major. Leur livre est toujours disponible et pour tous les amoureux de l’histoire de l’aviation, il doit tenir une place honorable dans leur bibliothèque. Il y verront la naissance de l’aviation et l’événementiel exceptionnel qui s’est déroulé à Reims, comment la base a été créée, a grandi pour être la plus importante de France avant la Seconde Guerre mondiale. C’est ici aussi que la Patrouille de France a été fondée. C’est ici encore que l’on a vu une base mixte chasse et transport aérien. C’est ici toujours que la grande histoire du Mirage F 1 a débuté. La base a été jusqu’au dernier jour de juin dernier avec les pilotes et les personnels de l’escadron « Savoie » et la mobilisation de tous, engagée sur les théâtres extérieurs ( Afghanistan et Libye). Elle a accueilli combien d’unités prestigieuses dont deux qui étaient Compagnon de la Libération le « Lorrraine » et le « Normandie-Niémen ».
Bref, cette base a une histoire fantastique et si l’association Edmond-Marin-la-Meslée se bat avec Jean-Louis Cavenne le maire de Bétheny, avec le concours de Bernard Mary, président de l’office de tourisme de Reims pour que son musée soit sauvé et reste présent sur cette terre d’histoire de l’aviation, ce n’est pas le fait du hasard. C’est un devoir. Pour la mémoire des hommes, pour l’armée de l’air, pour la préservation du patrimoine, pour une certaine idée de la France.
Féliçitations aux auteurs et merci spécialement à Monsieur Frédéric Lafarge de son action remarquable pour le musée de la BA112 que nous avons eu la chance de visiter avec lui en 2007.