24 mars 1942 : Leclerc en portrait dans l’émission « Les Français parlent aux Français »
L’émission « Les Français parlent aux Français » du 24 mars 1942 consacre l’une de ses séquences à un long portrait du général Philippe Leclerc. C’est assez lyrique comme lorsque l’on veut raconter les étapes d’une épopée. On explique d’abord comment un escadron, celui qui est dirigé par Leclerc, se prépare à partir en manœuvre pour le camp de Sissonne. Mais on passe vite sur cette période de l’avant-guerre pour évoquer le jeune colonel qui, il y a un peu plus d’un an prenait Koufra avec une poignée de Français libres.
On parle de son audace, de sa hardiesse, de sa faculté à prendre les Italiens à leur propre piège. « Ce jeune général que le monde entier connaît aujourd’hui sous le nom de Leclerc, plus de dix promotions de saint-cyriens l’ont connu lorsqu’il était capitaine, commandant de l’escadron de Saint-Cyr. Je vois encore ce chef que nous aimions dans le grand manège de Saint-Cyr, ce chevalier magnifique à l’allure très jeune qui semblait avoir une trentaine d’années. Je le vois encore à l’amphi avec ses cheveux blonds coupés très court, une légère moustache, son regard très droit, méprisant ceux qui sont mous et débraillés, mais souriant à ceux qui sont forts et volontaires ».
C’est une manière d’inviter tous ceux qui l’ont approché à prendre exemple sur lui et à rejoindre les Forces françaises libres. On redit aussi que le Général était adoré de ses élèves, ce qui signifie aussi que choisir de servir sous ses ordres est un grand honneur. De Gaulle et Leclerc c’est le même combat. C’est le même besoin de rendre à la France toute sa place en Europe et dans le monde et de magnifier les valeurs qui concourent à sa grandeur humaniste.
Le chroniqueur cite alors un témoignage de Jacques Desplats : « Ce jeune héros magnifique qui mourut crânement après la demande d’armistice à la tête des cadets de Saumur. Desplats me disait un jour au cours d’une promenade à cheval me parlant du général Leclerc: vois-tu, le capitaine commandant, c’est un chef formidable, rien ne l’arrête, il aime la lutte parce que la lutte grandit. Evidemment il est dur, mais il est encore plus dur pour lui que pour les autres. Il peut donc nous demander n’importe quoi ».
Le speaker résume alors le Général : « C’est un militaire qui considère que le premier devoir d’un officier, c’est de savoir faire la guerre, afin de répondre à la confiance du pays qui nous a chargé de sa défense. C’est pourquoi, prêchant l’exemple, il n’a pas manqué une campagne et n’a jamais abandonné la lutte ».
Toutes les descriptions à son endroit sont majestueuses et correspondent bien à la dimension de l’officier. Est-ce la raison qui pousse le chroniqueur à placer au cœur de sa cible Charles Maurras et ses grognements inarticulés, collaborationniste dans la défaite : « On entendait déjà ce vieillard gâteux injurier les FFL en clamant qu’elles n’affrontaient jamais l’ennemi. Dans la famille Leclerc, monsieur Charles Maurras, la tradition depuis des siècles est de faire la guerre, les armes à la main et non pas comme vous assis dans un fauteuil, avec un porte-plume. Monsieur Charles Maurras, votre orgueil insensé sera satisfait, votre nom passera à la postérité, mais ce ne sera pas dans le même chapitre que celui des héros des Forces françaises libres ».