Que va devenir l’enseignement de l’histoire?
Quelle place veut-on encore donner à l’histoire dans l’enseignement en France? Après la réduction de la durée d’enseignement de cette discipline puis sa suppression en classe de terminale scientifique qui devrait bientôt être abrogée, l’histoire chancelle parce que les programmes qui n’ont pas cessé d’être réécrits, restructurés, pêchent par un manque d’intérêt envers la chronologie et privilégient des études transversales et transcontinentales bien difficiles à appréhender lorsque les repères dans le temps manquent.
Si on ne remet pas un peu d’ordre dans l’approche de cette discipline nécessaire à la culture générale de chacun, on peut s’interroger sur la capacité des plus jeunes à comprendre leur pays ainsi que les influences qui pèsent sur les grands choix sociétaux du moment.
Les programmes posent aussi des problèmes mais ce n’est pas nouveau. Les errements durent depuis les années soixante-dix quatre-vingt. On peut douter de l’envie de l’inspection générale de bousculer des habitudes bien commodes. Tant qu’on ne retablira pas cette base qu’est la chronologie on peut être inquiet. Le découpage thématique est insuffisant et dangereux. Comment étudier la guerre au XXe sicèle puis le siècle des totalitarismes? Comment comprendre la Seconde Guerre mondiale en ignorant Hitler, Mussolini et Staline?
Dire que l’enseignement chronologique est suffisant de la sixième à la troisième oublie de mettre au jour les impasses des programmes qui provoquent alors des cassures dans le temps. L’autre problème qui n’est toujours pas résolu est cette tentation identifiée de sacrifier des pans de notre patrimoine historique en raison de certaines repentances et du politiquement correct. Plusieurs intellectuels s’inquiètent qu’on cherche d’abord à faire de nos enfants des citoyens du monde avant d’en faire des citoyens aimant leur pays.
Toujours est-il que plusieurs ouvrages relancent le débat en ces temps de rentrée. Chez Bourin, Laurent Wetzel publie: « Ils ont tué l’histoire-géo ». Cet agrégé et ancien inspecteur d’académie est très sévère envers le précédent gouvernement et l’inspection générale. il s’alarme que les actuels programmes n’évoquent que les quatre premières années de la Ve République et excluent l’islamisme. Il indique: « Les programmes doivent être allégés et recentrés, pour partie sur l’histoire de la France. Il faut apprendre moins pour apprendre mieux ».
Vincent Badré publie début septembre chez les Editions du Rocher: « L’histoire fabriquée ». Il passe au crible des programmes qu’il estime orientés, riches d’anachronismes et d’approximations à la fois réductrices de la discipline et dramatiques lorsqu’on défend une rechercher rigoureuse appuyée sur une méthodologie intelligible.
On annonce aussi pour les premiers jours du mois prochain un livre de Dimitri Casali chez Lattès et intitulé « L’histoire de France interdite ». Cet ancien enseignant en zone d’éducation prioritaire s’inquiète de l’appétit des gouvernants à s’excuser et se repentir de ce qu’on fait leurs aînés. Aussi ose-t-il cette question: » Pourquoi ce rejet du récit national chez les ronds-de-cuir de la rue de Grenelle qui fabriquent les programmes? ». Avant d’interroger: « Pourquoi devrait-on s’excuser d’être Français alors que les Anglais, les Allemands, les Italiens et les Espagnols n’ont pas cette honte?
Bref, ces livres et d’autres prises de positions ne vont pas laisser les historiens de marbre. Où alors ce serait désespérer de leur bon sens et de l’appétit de transmettre une connaissance qui s’appuie sur des recherches structurées et sérieuses.
Vous trouverez plus de détails sur le livre « L’histoire fabriquée » sur le site de celui ci : http://www.histoirefabriquee.com/