La Grande Guerre pollue
Un communiqué conjoint des préfectures du Nord et du Pas-de-Calais interpelle les historiens sur les conséquences tardives de la Première Guerre mondiale. Des arrêtés de restriction de la consommation de l’eau du robinet portent sur 544 communes de cette région en raison de la présence de perchlorate.
Que dit l’autorité préfectorale: « L’hypothèse principale compte tenu du passé historique de la région serait que cette pollution spécifique pourrait provenir des nombreuses munitions tirées lors de la Première Guerre mondiale, en particulier sur la ligne de front qui se trouvait à la limite entre la plaine de Flandres et le plateau d’Artois ».
Il est patent qu’au cours des combats acharnés qui ont eu lieu dans ce secteur pendant la Grande Guerre entre 850 millions et 1 milliard d’obus ont été tirés en France et en Belgique. Or les obus allemands utilisaient des sels de perchlorate comme explosifs. Comme la concentration de ces sels est supérieure aux recommandations, l’agence régonale de santé a demandé des mesures de précaution sanitaires même si les études scientifiques ne démontrent pas la présence hors de proportion par exemple d’hypothyroïdie congénitale.
On sait que la présence de munitions de la Première Guerre mondiale est, presqu’un siècle après le déclenchement du conflit, une réalité. Très régulièrement dans les dix-huit départements du front, des découvertes sont faites. On se souvient en Champagne-Ardenne de dépôts de munitions au Châtelet-sur-Retourne et à Bogny-sur–Meuse. Très régulièrement les agriculteurs déterrrent des munitions lorsqu’ils labourent leurs terres. C’est pourquoi les services du déminage sont sollicités pour détruire les engins dont certains présentent toujours un grave danger.
On a annoncé il y maintenant plusieurs années la construction d’une usine à Mailly-le-Camp pour la destruction des obus chimiques stockés en plusieurs sites et qui, avec le temps se dégradent. Chacun mesure qu’un effort doit être fait pour prévenir les drames et détruire ce qui constitue encore une menace.