11 novembre 1942 : l’invasion de la zone Sud
Alors que les Français libres ont invité les métropolitains à se souvenir dans les églises et les temples de tous les soldats de la Grande Guerre morts au champ d’honneur, Hitler choisit le jour de l’armistice de la Première Guerre mondiale pour rompre unilatéralement l’armistice du 22 juin 1940 et ordonner à ses troupes d’envahir la zone Sud.
L’opération est coordonnée avec les Italiens qui franchissent aussi la frontière et débarquent en Corse. Mis devant le fait accompli, la réaction du gouvernement de Vichy est affligeante et le maréchal Pétain n’écoute pas ceux qui lui demandent de quitter au plus vite la métropole pour ne pas se soumettre une nouvelle fois et transférer en urgence la flotte au mouillage à Toulon vers l’Afrique du Nord.
Son allocution de protestation est déprimante. Il ne fait que résumer les événements en expliquant aux auditeurs qu’il a reçu dans la nuit du 10 au 11 novembre, une lettre du Führer lui précisant que pour des raisons d’ordre militaire, il remettait en cause les décisions actées lors de la convention d’armistice et donnait le feu vert à ses régiments et à ceux des alliés de l’Axe pour prendre position dans toute la zone Sud. Pétain proteste mais ce ne sont que des mots qui restent sans effet.
Les choses évoluent très vite en Afrique du Nord. Le cessez-le-feu est de fait et la résistance des troupes de Vichy cesse à 7 heures. Dès 7 h 30, la 3e division américaine qui avait reçu l’ordre de prendre d’assaut Casablanca y pénètre sans résistance et sous les acclamations. Les troupes alliées prennent position sur les principales installations militaires de la métropole. Dans le même temps en Algérie, des éléments de la 36e brigade de la 1re armée britannique débarquent à moins de deux cents kilomètres d’Alger près de Bougie. La 11e brigade de la 78e division quitte Bougie pour Bône, un autre port de la côte algérienne dont elle veut prendre le contrôle au plus vite.
On signale ici et là en zone occupée des bouquets de fleurs déposés avant l’aube devant les monuments aux morts, aux portes de cimetières militaires notamment dans la Marne et parfois rapidement retirés sur ordre donné à la police et à la gendarmerie. S’il est patent que le 11 novembre 1942 signifie l’occupation totale de la France métropolitaine, il est clair que les Français ont entendu les recommandations gaullistes pour que les poilus ne soient pas oubliés.
La colère est vive dans les familles où on est convaincu que les nazis ont choisi de donner une autre signification au 11 novembre en humiliant les Français par une occupation accrue et renforcée.