15 février 1943 : la lettre du général de Gaulle au général Eisenhower
Comme il tient à ce que la France combattante soit reconnue comme une force agissante à l’extérieur comme à l’intérieur et qu’il estime que sans une cohésion reconnue des Alliés, le Reich ne sera pas vaincu, le général de Gaulle prend le 15 février 1943 une nouvelle initiative. Elle témoigne de son souci de ne pas se braquer avec les Etats-Unis dès lors que l’administration démocrate de la Maison Blanche est respectueuse de ce qu’il incarne auprès de la France et de l’Empire.
C’est la raison pour laquelle il s’adresse au général Dwight D. Eisenhower, commandant en chef des armées alliées en Afrique du Nord. « Je vous adresse mes sincères félicitations pour le grand commandement interallié que vous assumez. J’y souscris très volontiers pour ce qui concerne les forces françaises ». Le chef de la France combattante est donc très clair et admet cette hiérarchie par souci d’efficacité de l’emploi des unités qui appartiennent ici aux différents pays alliés.
Et d’insister : « Veuillez noter qu’une division française sous le commandement du général Edgar de Larminat fait partie actuellement du groupement du général Leclerc et du régiment mécanique du colonel Rémy. Ces éléments sont en cours de renforcement notamment en artillerie et en unités de chars. Presque tous ont l’expérience de plusieurs combats. Tous sont ardents et résolus ».
Le Général soutient ses troupes et précise leurs qualités parce qu’il tient à ce qu’elles ne soient pas oubliées ou marginalisées. Il en profite pour informer le général Dwight D. Eisenhower de son intention d’aller à leur rencontre sur le terrain au cours du mois de mars. Une manière courtoise d’annoncer sa venue qui est aussi une opportunité suggérée pour que les deux hommes puissent s’entretenir de la conduite de la guerre. Autant dire que cette initiative gaullienne ne manque pas de diplomatie et de sens politique.