12 mars 1943 : des ralliements complexes expliqués par de Gaulle
L’information que le général de Gaulle communique le 12 mars 1943 au représentant de la France Combattante à Washington, Adrien Tixier, est très pertinente. Elle illustre une communication sans tabou et atteste les difficultés nées de certains ralliements pourtant légitimes.
Des marins d’Afrique du Nord qui se trouvent alors aux Etats-Unis déclarent souhaiter rejoindre la France combattante. Leur démarche est légitime aussi le Général écrit à l’amiral Stark pour clarifier la position des gaullistes sur cette situation précise : « Nous distinguons le cas des équipages des navires de guerre venus se faire réparer aux Etats-Unis et le cas des équipages des navires de la marine de guerre et de la marine de commerce qui sont venus chercher aux Etats-Unis des armes ou du ravitaillement pour l’Afrique du Nord ».
De Gaulle reconnaît que dans le premier cas de figure ce sont des marins dont les bâtiments sont immobilisés pour longtemps. Il indique: « Si ces marins s’engagent chez nous, nous les acceptons naturellement pour des raisons de morale élémentaire et d’intérêt national. En les engageant, nous favorisons l’effort de guerre français car il serait dangereux de laisser sur les navires des marins qui, en grand nombre, ne reconnaissent plus l’autorité de certains officiers ». De Gaulle explique encore qu’il est convaincu que les équipages des navires de ravitaillement sont nécessaires pour accélérer les livraisons dont l’Afrique du Nord a besoin pour continuer les combats.
Il est prêt à ordonner à ces marins de rejoindre leurs ports de départ qu’il s’agisse d’Alger, de Casablanca, d’Oran, de Dakar etc. La simple chose et elle est importante est que le Général tient à l’engagement des Alliés pour qu’ils laissent ces hommes rejoindre la Grande-Bretagne et servir les Forces navales françaises libres dans les meilleurs délais.
Pour s’assurer du strict respect de la parole donnée, de Gaulle ajoute : « Ces marins seront accompagnés à partir des Etats-Unis par un officier désigné par nous qui veillera sur leur sort et sur leurs destinations et en rendra compte librement au Comité national ». Et le chef de la France combattante de conclure : « Vous pouvez vous référer dès à présent au contenu de ce télégramme dans les discussions que nous aurez avec le gouvernement américain ou avec Béthouart et Fénart ».
Autant dire qu’Adrien Tixier sait à quoi s’en tenir et connaît la marge de manœuvre dont il dispose pour ne froisser personne et ramener un maximum de serviteurs nouveaux de la France combattante en tenant informé le Comité national.