1er avril 1943 : un journal « France » qui suscite une discussion
Quel est le positionnement du journal « France » que défend son directeur Pierre Comert? Dans un courrier qu’il a adressé le 30 mars 1943 au général de Gaulle, chef de la France combattante, il revendique naturellement son droit de libre expression sur la conduite de la guerre et les événements qui se déroulent de par le monde. Il ne dissimule pas son envie d’être critique à l’égard des gaullistes et de leur chef.
Le Général lui répond le 1er avril 1943 et revient sur l’indication donnée d’un soutien à une autre politique que cette assumée par le Comité national. On sent en effet la volonté de Pierre Comert de valoriser les positions défendues en Afrique du Nord et en Afrique occidentale française par les représentants les plus proches du général Henri Giraud.
« Je ne puis que vous remercier de la franchise de votre avertissement. Il me serait d’ailleurs, de toute façon, bien difficile d’influer sur le journal « France » qui n’est, évidemment, ni inspiré, ni contrôlé par le Comité national » écrit le Général. A son tour il s’exprime avec la plus grande franchise: « Au cas où le point de vue du journal « France » apparaîtrait comme nettement opposé à celui de la France combattante, dans une matière aussi grave que l’intérêt de notre pays, nous devrions constater que « France » serait néanmoins, le seul journal quotidien paraissant en français en Grande-Bretagne dont le gouvernement britannique facilite la publication. Mais ceci est peut-être une autre histoire ».
Il s’avère que de Gaulle n’est pas dupe et qu’il considère que les facilités faites à l’équipe rédactionnelle de Pierre Comert et les possibilités d’édition qui lui ont été offertes sont le symbole que le gouvernement anglais tient à ce qu’il y ait une contradiction publique qui soit apportée à la politique développée et justifiée par la France combattante.
Le général Charles de Gaulle dit à l’homme de presse le fond de sa pensée ce qui revient aussi à lui assurer qu’il rendra coup pour coup si les critiques qui lui sont infligées ne relèvent pas de l’essence d’un débat de qualité.