3 mai 1943 : Klaus Barbie arrête Christian Pineau
Le 3 mai 1943, c’est une figure de la Résistance intérieure, le Champenois Christian Pineau qui est appréhendé par Klaus Barbie et ses sbires de la gestapo de Lyon. Interrogé avec une rare violence durant onze heures, il ne donne que sa fausse identité, celle de Jacques Grimaux. Les nervis nazis ne parviennent à rien avec lui aussi est-il transféré au fort de Montluc et mis en cellule. Il va y demeurer jusqu’à son départ pour Compiègne puis son départ pour Buchenwald en décembre 1943.
Né à Chaumont, le 14 octobre 1904 alors que son père y est officier supérieur son parcours dans la clandestinité est exemplaire. Homme de gauche, il n’a jamais accepté comme de Gaulle l’idée du renoncement de la France et est hostile à l’armistice. Il est l’auteur, en novembre 1940, du Manifeste du syndicalisme, bientôt signé par douze responsables syndicaux CGT et CFTC, qui rejette les distinctions fondées sur la race, la naissance la religion, les opinions ou l’argent.
Il se veut un fédérateur et travaille au regroupement autour de plusieurs responsables syndicaux.
Son action est essentielle à la création du mouvement « Libération-Nord ». Dès le 1er décembre 1940, Christian Pineau, marié et a 5 enfants réussit avec l’aide d’Yvonne Tillault à assurer la parution hebdomadaire régulière du journal « Libération ». Il en est alors le seul rédacteur et ce sera ainsi pour les soixante-et-un premiers numéros. Ensuite, il met en place le Service de renseignements économiques qui communique très régulièrement des informations à Londres dès l’automne 1941.
Membre du Comité d’Action socialiste (CAS), il est mandaté par les mouvements de résistance et les organisations syndicales pour se rendre à Londres par avion en mars 1942 et garantir au général de Gaulle l’assurance de leur soutien.
Activement recherché par la Gestapo en zone occupée, il doit passer en zone sud. Il s’installe avec sa femme et ses enfants à Vichy où il est nommé inspecteur du ravitaillement. Il y patiente jusqu’à son départ pour Londres au cours d’une opération aérienne exécutée dans la nuit du 27 mars 1942. Il rejoint la Grande-Bretagne accompagné de François Faure (Paco), responsable par intérim de la Confrérie Notre Dame du colonel Rémy.
Il est le premier chef d’un mouvement de la résistance intérieure à être reçu par le chef de la France libre. Il est investi de deux missions, l’une militaire et l’autre politique. Il s’en acquitte au mieux tout en reprenant son activité professionnelle au Ministère du Ravitaillement après avoir été ramené en France à bord d’un Lysander dans la nuit du 27 au 28 avril 1942.
Christian Pineau, identifié dans la Résistance sous le pseudonyme de « Francis », crée d’une part au profit du Bureau central de Renseignements et d’Action (BCRA) les réseaux de renseignements « Cohors » et « Phalanx ». Il se charge aussi de la diffusion auprès des organisations résistantes de la Déclaration du général de Gaulle aux mouvements dont il publie le texte dans « Libération » courant juin 1942.
Il charge alors Jean Cavaillès de l’organisation de « Cohors » en zone nord et se consacre au développement de « Phalanx » en zone sud. Il est interpellé avec Cavaillès dans la nuit du 5 au 6 septembre 1942 au cours d’une opération d’embarquement clandestine vers la Grande-Bretagne. Il est enfermé à la prison militaire de Montpellier mais, ll s’évade en sautant du train pendant son transfert vers le camp de Saint-Paul d’Eyjeaux, le 12 novembre 1942.
Il reprend son activité malgré les recherches de la police, de la gendarmerie et de la gestapo. Le 14 janvier 1943, il se rend une seconde fois à Londres profitant d’une évacuation par Lysander. Il plaide auprès du Général l’idée d’un rassemblement national unissant mouvements et partis, préfigurant le Conseil national de la Résistance. Le 20 mars 1943 il est de retour en métropole en compagnie de Jean Moulin et du général Delestraint, avec une mission supplémentaire, celle de mettre au point le ravitaillement de la France en cas de débarquement des troupes alliées. Son arrestation dans la capitale de la Résistance stoppe une œuvre exceptionnelle.