Doyenne des médaillées militaires: Alice Lacomme est décédée
Agée de 107 ans, Alice Lacomme était la doyenne des Médaillées militaires de France. Elle n’avait reçu cette prestigieuse décoration qu’en 2004 à l’occasion du soixantième anniversaire de la Libération ce qui, au regard de ses états de service, apparaissait pour les anciens et les historiens comme une reconnaissance bien tadive de la République envers l’une de ses filles héroïques. Elle a été inhumée en ce début mai 2013 après qu’un hommage solennel lui ait été rendu par le monde combattant.
Née à Sidi Bel Abbes, elle était l’une des beaux visages de ces jeunes femmes pleines de courage qui ont intégré le petit groupe d’ambulancières du 15ème Bataillon Médical de la première division Blindée. C’est ainsi que dans l’après-midi du 15 août 1944, Alice Lacomme a été des premières femmes à retrouver la terre de France sur une plage de Méditerranée à l’occasion des opérations militaires du débarquement de Provence.
C’est à Oran, alors qu’elle travaile avec sa soeur dans un atelier de décoration qu’elle fait le choix de s’engager. C’est une conséquence de l’opération Torch, le débarquement des anglo-américains en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942.
Alice Lacomme rejoint alors au début 1943, l’équipe d’infirmières de la Croix Rouge que Jeanne de l’Epée a mis en place dès 1941 à Oran à la « Villa Émilie « et qui offre ses services à l’armée Française et est affectée au I5ème Bataillon Médical. Cette unité est constituée à Oran pour renforcer les structures sanitaires en prévision des futures opérations de libération de la France métropolitaine.
Alice Lacomme ne manque ni d’audace, ni de toupet. Elle n’hésite pas à s’approprier la carte d’identité de sa soeur pour être recrutée. En effet elle est trop âgée pour s’engager selon les critères qui sont alors fixés. Alice trompe son monde et intègre le groupe où servent plusieurs de ses camarades comme Solange de la Brosse, Yvonne Amiel, Yvonne Cuvelier, Suzanne Barlemont.
Son sang-froid, ses qualités d’analyse, son sens de l’organisation attestent ses aptitudes à prendre des responsabilités. Elle est promue chef d’équipe et dirige donc une des équipes de huit ambulancières et de quatre ambulances avec lesquelles elle fait preuve pendant toutes les opérations où elle est engagée de qualités exceptionnelles et des plus utiles en soutien au service de santé des armées .
Avec ses équipières, elle est de tous les points chauds de la libération du territoire entreprise par la 1re marée du général Jean de Lattre de Tassigny. Elle participe aux durs combats de Marseille, au sévères accrochages des Vosges, aux affrontements éreintants et meurtriers d’Alsace et d’Allemagne. Elle évacue avec ses ambulancières de jour comme de nuit, par tous les temps et sur toutes les routes défoncées et sous le feu, les blessés français et allemands qu’il est urgent de transporter depuis les postes de premier secours vers les praticiens des armées.
Partout l’allant, le courage, la détermination, la certitude de l’utilité de la mission d’Alice Lacomme font qu’elle fait l’admiration de celles qui servent sous son autorité mais aussi des cadres des unités et des médecins desbataillons médicaux.
Après la guerre, elle a continuité à être disponible pour les autres, aidé à former des jeunes et a conservé des liens privilégiés avec le monde combattant. Elle restera l’une de ces femmes d’honneur que l’on cite en exemple.