République tchèque : un ex-camp nazi qui scandalise
Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a demandé le jeudi 25 juillet 2013 à la République Tchèque de fermer un élevage de porcs qui est installé depuise les années soixante-dix sur le site d’un ancien camp nazi destiné à l’enfermement des Roms pendant la Seconde Guerre mondiale.
Depuis Genève, les experts ont expliqué que la République tchèque se doit de favoriser: « le respect de l’histoire et de la culture Rom à travers des actes symboliques, comme la fermeture de la ferme porcine située sur le site ayant abrité le camp de concentration de Lety ». Le Comité estime que le gouvernement tchèque doit « redoubler d’efforts » et garantir le respect des Roms. « Les descendants des victimes rom du nazisme se félicitent de cet appel de l’ONU. C’est une très bonne nouvelle pour nous », a décalré depuis Prague Cenek Ruzicka, président du Comité de compensation de l’Holocauste rom.
Entre 1940 et 1943, le Reich et ses collaborateurs tchèques ont emprisonné 1.308 Roms tchèques dans le camp de Lety, situé à 70 km au sud de Prague et dirigé par un commandant tchèque. 327 Roms y sont morts, dont 241 enfants, tandis que plus de 500 y ont transité avant d’être exterminés au camp d’Auschwitz-Birkenaun, une unsie de mort développée dans le sud de la Pologne par les nazis.
Entre 1972 et 1976, le régime communiste au pouvoir dans l’ex-Tchécoslovaquie a construit sur le site de ce camp une porcherie gérée aujourd’hui par une société privée. Le Parlement européen a appelé, en 2005 et 2008, les Tchèques à déplacer cet élevage sans succès.
En juillet 2012, les Roms ont boycotté une cérémonie à la mémoire des victimes roms des nazis, organisée à Lety avec la participation du Premier ministre de l’époque Petr Necas.
L’ancien président Vaclav Havel avait inauguré en 1995 un monument aux Roms à proximité du camp, mais aucun dirigeant politique du pays ne s’y était rendu jusqu’à l’année dernière.
« La porcherie devrait être fermée. C’est un déshonneur. Beaucoup de Roms ont perdu leur vie dans le camp de Lety », a déclaré jeudi à nos confrères de l’Agence France Presse, Monika Simunkova, déléguée du gouvernement tchèque chargée des droits de l’homme.
Les recherches entreprises par les historiens concluent actuellement qu’environ 90% des Roms tchèques ont péri au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Il s’agit bien d’une action génocidaire comme celle menée contre les Juifs.