Les Malgré-nous déçus par le Président allemand
Si le pèlerinage mémoriel du président allemand Joachim Gauck à Oradour-sur-Glane a été salué comme une démarche courageuse destinée aussi à bien montrer que l’Allemagne d’aujourd’hui n’a rien de commun avec l’Allemagne nazie, les malgré-nous alsaciens et mosellans qui ont été incorporés de force dans les armées nazies de 1942 à 1945, ont exprimé au lendemain de l’événement leur déception que le Président allemand n’ait pas reconnu le caractère criminel de leur incorporation. « C’est une honte ! Il n’a eu pratiquement aucun mot pour les Alsaciens, pas un mot de repentir. C’est comme si on était des Allemands ! » a résumé, scandalisé, René Gall, 87 ans, président délégué de l’Association des évadés et incorporés de force (ADEIF).
De fait, treize malgré-nous, qui étaient incorporées dans la division SS « Das Reich » du général Lammerding, ont été condamnés en 1953 par le tribunal militaire de Bordeaux pour leur participation au massacre de 642 habitants d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944. Ces Alsaciens ont été ensuite amnistiés, mais l’hostilité à leur égard demeure vive. Le mercredi 4 septembre 2013, lors de son discours, Joachim Gauck a brièvement évoqué la problématique des malgré-nous, en s’est déclaré « conscient du débat intense en France autour de la question de l’enrôlement forcé des Alsaciens qui ont participé au massacre ».
« Je suis un peu déçu, il aurait dû reconnaître que l’incorporation de force était un crime de guerre », a estimé Paul Ritzenthaler, 85 ans, un autre ancien Malgré-Nous.
En revanche pour l’historien Jean-Laurent Vonau, le Président allemand « a botté en touche » en évoquant le problème de l’incorporation de force comme « une affaire franco-française ». « Ceci ne manque pas de cynisme, il y a là un vrai problème » ajouté. Avant de conclure : « L’image historique des deux chefs d’État à Oradour, main dans la main avec un survivant, constitue un symbole fort de réconciliation. Mais c’est une réconciliation qui laisse en Alsace un goût amer, car on a l’impression que ça passe par-dessus nos têtes ». Près de soixante-dix ans après cette tragédie inouïe, expression d’une barbarie absolue, toutes les blessures ne sont pas cicatrisées aussi les propos tenus comme les non-dits suscitent des réactions parfois sévères. Cela ne handicape pas la réconciliation qui ne signifie ni le silence, ni l’oubli.
Ne vous trompez pas de victimes… La question des malgré-nous n’était pas du tout l’enjeu de cette rencontre.
Concernant le général Lammerding, ce qu’il faut savoir……… ainsi que la position de l’Allemagne en 1953 !…….
Au printemps 1944, il reçoit la Croix de chevalier (Ritter Kreuz) pour toute la campagne de Russie et, par faveur spéciale du Reichsführer SS Heinrich Himmler, est promu SS-Brigadeführer (général de brigade) et chargé de reconstituer la 2.SS-Panzer-Division Das Reich dans le sud de la France. Il commande alors cette division lorsque le SS-Aufklärungs-Abteilung 2 (groupe de reconnaissance) pend 99 habitants à Tulle le 9 juin et lorsqu’une compagnie du 1er bataillon du SS-Panzer-Grenadier-Regiment 4 Der Führer massacre 642 habitants à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.
À l’ été 1944, il dirige la division Das Reich lors de la bataille de Normandie. Mais il est blessé en juillet et évacué.
En automne 1944, il retrouve son commandement et participe à la bataille des Ardennes.
Début 1945, Himmler le nomme chef d’état-major du « groupe d’armées » dont il a pris la tête sur la Vistule.
En avril 1945, sur quelques jours seulement, donc de manière symbolique, il commande la dernière division de la Waffen-SS, la 38e division SS de grenadiers Nibelungen, composée en partie d’élèves-officiers et de formateurs de l’école SS de Bad Tölz.
En 1953 au tribunal de Bordeaux, il est jugé pour crimes de guerre pour les massacres de Tulle et Oradour-sur-Glane commis les 9 et 10 juin 1944 ; il est condamné à mort par contumace mais l’Allemagne de l’Ouest ne l’extrade pas1. Ensuite, à la demande des Français, les Britanniques donnent l’ordre de l’arrêter : il quitte alors Düsseldorf, où il vivait sans se cacher, pour se réfugier dans le Schleswig-Holstein2, tandis que l’occupation militaire de l’Allemagne touche à sa fin.
Il reprend ensuite ses activités d’ingénieur en génie civil à Düsseldorf jusqu’à sa retraite et meurt d’un cancer généralisé à l’âge de 66 ans en 1971. Ses funérailles attirent plusieurs centaines d’anciens officiers nazis, dont Otto Weidinger3.