Survivant du massacre d’Oradour, Robert Hébras blanchi
Survivant du massacre orchestré par des éléments de la division Das Reich à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), le 10 juin 1944, Robert Hebras a été blanchi par la 1re chambre civile de la Cour de cassation en ce mercredi 16 octobre 2013. Le viel homme était poursuivi pour avoir émis un doute sur le caractère forcé de l’enrôlement des treize Malgré-Nous alsaciens ayant pris part au massacre.
La Cour de cassation a annulé l’arrêt de la cour d’appel de Colmar (Haut-Rhin) le condamnant à verser un euro de dommages et intérêts et 10.000 euros au titre des frais de justice à deux associations de Malgré-Nous alsaciens. Dans son livre « Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure », publié pour la première fois en 1992, Robert Hebras, 88 ans, écrivait que, « parmi les hommes de main, il y avait quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS ». Il avait modéré ce propos dans les éditions suivantes, mais en 2008-2009, un nouveau tirage à l’initiative de son éditeur avait repris la première version, entraînant la plainte en diffamation des deux associations.
Déboutées en première instance devant le tribunal de grande instance de Strasbourg en octobre 2010, les associations avaient obtenu gain de cause en appel. René Gall, 87 ans, le président délégué de l’Association des évadés et incorporés de force (ADEIF), une des plaignantes, s’est dit « abasourdi » par la décision de la juridiction surpême « alors qu’il nous a outragés ».
Dans leur arrêt, les magistrats estiment que les propos litigieux, « s’ils ont pu heurter, choquer ou inquiéter les associations demanderesses, ne faisaient qu’exprimer un doute sur une question historique objet de polémique, de sorte qu’ils ne dépassaient pas les limites de la liberté d’expression ». Robert Hebras s’est dit soulagé. La Cour de cassation a décidé de ne pas renvoyer le dossier devant une autre cour d’appel. « Je suis aussi heureux pour les victimes car c’était ma condamnation mais c’était aussi la leur », a encore déclaré Robert Héras. Il a remercié son comité de soutien qui l’a convaincu de se pourvoir en cassation et l’y a aidé financièrement alors qu’il se sentait « fatigué ». « Maintenant ce chapitre est clos », a-t-il conclu.
La co-fondatrice de ce comité « Justice pour Robert Hebras », Bernadette Malinvaud, a fait part d’un « immense soulagement » car, selon elle, M. Hebras « avait été extrêmement blessé par cette condamnation ». « Cela va dans le sens de l’apaisement », a commenté le président de l’Association nationale des familles de martyrs d’Oradour-sur-Glane, Claude Milord. Et d’ajouter: « Cette décision est la reconnaissance de la parole des témoins » et « réaffirme la liberté d’expression, même si tout le monde savait que le problème était dû à une erreur de l’éditeur ». Il a également regretté le procès intenté à Robert Hebras « quand on sait tous ses efforts pour la réconciliation ». « Cette décision contribue à renforcer la liberté d’expression dans notre pays », a réagi dans un communiqué l’avocate de Robert Hebras devant la Cour de cassation, Me Françoise Thouin-Palat.
Le massacre d’Oradour-sur-Glane, perpétré par une compagnie de la division SS Das Reich, a fait 642 morts, dont 247 enfants.