Jean Souque, révoqué par Vichy et réintégré 70 ans après!
C’est une belle histoire de Noël qui paraît tout simplement inconcevable. Un instituteur ariégeois à la retraite, révoqué en 1943 par le régime de Vichy pour s’être soustrait au Service du travail obligatoire (STO), a été officiellement réintégré 70 ans après! L’information lui a été notifiée le mercredi 24 décembre 2013 par le ministère de l’Éducation nationale.
Jean Souque, 94 ans: « est réintégré en qualité d’instituteur, à compter du 28 juillet 1943 ». C’est un courrier signé par le ministre Vincent Peillon et en date du 19 décembre qui le lui signifie. En 1943, le jeune instituteur de 24 ans a la charge d’une classe dans le village de Seix (Ariège). Il est convoqué pour le STO, requis pour rejoindre la Pologne et participer ainsi à l’effort de guerre du IIIe Reich. « Il n’était pas question que j’aille travailler au service des Allemands », se remémore Jean Souque.
Le réfractaire choisit avec un groupe d’amis de passer la frontière espagnole pour rejoindre les forces combattantes françaises en Afrique du Nord. Jean Souque met à profit sa connaissance des passeurs de la région pour franchir début juillet 1943 les Pyrénées. Malheureusement, comme beaucoup d’autres, il est appréhendé puis incarcéré en Espagne. Il est libéré en novembre 1943 et gagne le Maroc, où il s’engage dans une unité combattante: « On était parti pour se battre et j’ai choisi les commandos parachutistes ».
Jean Souque participe au débarquement en Provence, à compter du 15 août 1944, puis remonte la vallée du Rhône et rejoint l’Alsace « en combattant continuellement ».
Au printemps 1945, Jean Souque franchit le Rhin début avril et est grièvement blessé quelques jours plus tard, atteint d’une balle dans la cuisse. Son lieutenant, médecin dans le civil, l’un évite alors une hémorragie massive de l’artère fémorale. Il est hospitalisé et sauvé.
A son retour en Ariège, en novembre 1945, il apprend par sa mère sa révocation de l’Éducation nationale par le régime de Vichy. Et Jean Souque de confier: « J’ai été voir mon directeur du cours complémentaire. Il m’a accompagné chez l’inspecteur d’académie. Celui-ci a dit: «Ne vous inquiétez-pas, on va lui donner un poste et pour le reste, ça s’arrangera» ». Jean Souque reprend le cours normal de sa carrière, qu’il termine comme directeur d’école à Saint-Girons, à une vingtaine de kilomètres de Seix. Il demande à plusieurs reprises la régularisation de sa situation, sans obtenir satisfaction.
Jean Souque dit avoir accueilli la nouvelle de sa réintégration à retardement avec une certaine indifférence. De fait son parcours atteste qu’il n’avait rien à se reprocher, bien au contraire.