Compagnon de la Libération, André Verrier nous a quittés
André Verrier, 94 ans, Compagnon de la Libération et l’un des tout derniers survivants du groupe des Français Libres « évadés par la Russie », est décédé le samedi 28 décembre 2013 à Lesparre-Médoc (Gironde).
Après la disparition de ce grand résistant, il ne reste plus que dix-neuf Compagnons en vie.
Né le 16 février 1919 à Château-Renault (Indre-et-Loire) dans une famille ouvrière, André Verrier, 14 ans travaille après le décès en 1928 de son père des suites de blessures subies pendant la Grande Guerre. Mobilisé le 29 novembre 1939 au 90e régiment d’artillerie de campagne, il est fait prisonnier dans l’Orne pendant la campagne de France en juin 1940 puis interné dans un stalag en Prusse-Orientale. Il n’a qu’une idée, s’évader au plus vite.
Sa constance est récompenséele 15 avril 1941, lorsqu’il y parvient. Il rejoint l’Union soviétique mais il est interné à Kaunas avec plusieurs dizaines de militaires français évadés mais alors considérés comme indésirable. La donne change après le début de l’invasion de l’URSS par les Allemands au cours de l’opération Barbarossa commencée le 22 juin 1941.
Les prisonniers se montrent convaincants sur leur volonté de poursuivre le combat et obtiennent des Soviétiques de regagner la Grande-Bretagne pour poursuivre le combat.
Fin août 1941, André Verrier embarque sur le « Empress of Canada » avec 185 camarades, et rejoint, par Arkhangelsk et le Spitzberg, le Royaume-Uni le 9 septembre 1941. André Verrier s’engage deux jours plus tard dans les Forces françaises libres (FFL), puis il embarque pour le Moyen-Orient en décembre 1941. Il intègre la 1re brigade du général Pierre Koenig à Bir-Hakeim en Libye en mai 1942 et participe à la première victoire de la France Libre comme chef de pièce au 1er régiment d’artillerie coloniale (1er RAC).
Fait prisonnier lors de la sortie de force de la position dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, André Verrier est embarqué sur le « Nino Bixio » à destination de l’Italie. Il réchappe du navire avant d’être interné à Bergame.
Le 9 septembre 1943, il s’évade une seconde fois. Pourchassé par les Allemands, il passe en Suisse en janvier 1944 et rejoint la 1re Division française libre à Lyon en septembre 1944. Il retrouve alors le 1er RAC. Il participe aux opérations de Belfort et d’Alsace où il est promu maréchal des logis.
Grièvement blessé par éclat d’obus le 7 janvier 1945 à Heussern (Bas-Rhin), André Verrier est hospitalisé jusqu’en juin 1945 puis démobilisé en avril 1946. Il devient aide-comptable dans l’entreprise où il travaillait avant-guerre, puis fonctionnaire au ministère des Anciens combattants avant de partir à la retraite en 1979.
André Verrier était commandeur de la Légion d’honneur, compagnon de la Libération ( décret du 17 novembre 1945) titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de Guerre 1939-1945 avec deux citations, de la Médaille de la Résistance, de la Médaille des évadés et de plusieurs autres décorations.
Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense chargé des Anciens combattants a rendu hommage, le mardi 31 décembre 2013 dans un communiqué à André Verrier: « Avec la mort d’André Verrier la France voit disparaître un de ses courageux combattants de la liberté. J’adresse à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances ».