2 janvier 1944 : le général Georges rappelé à l’ordre
Le général de Gaulle écrit le 2 janvier 1944 au général Georges pour le recadrer après avoir pris connaissance du courrier qu’il lui a adressé relatif à une conférence donnée à Alger le 12 décembre 1943 par M. Le Troquer sur le procès de Riom.
« Je suis le premier à reconnaître que les avis peuvent être partagés en ce qui concerne les responsabilités encourues par les autorités de divers ordres dans l’insuffisance de notre préparation à cette guerre. Un jour viendra où le pays devra connaître en toute sincérité et en toute justice quel fut exactement le rôle de chacun ».
De Gaulle analyse la situation: « Depuis notre désastre momentané de juin 1940, ce sont la capitulation de Bordeaux et ses affreuses conséquences qui dominent le débat. Vous savez qui en est responsable. D’autre part, le soi-disant « procès » de Riom, dont le caractère arbitraire ne peut manquer d’indigner, a exaspéré les passions. Il est inévitable que des réactions se produisent, notamment chez des personnalités qui y ont été mêlées pour assurer la défense des victimes ».
Et d’ajouter: « Sans être surpris que vous ayez tenu à faire connaître votre avis à M. le commissaire à la Guerre et à l’Air à la suite des déclarations qu’il a cru devoir faire au sujet de la parodie de justice qui fut mise en scène à Riom, j’ai néanmoins le devoir de vous dire que, dans les circonstances actuelles, il ne vous appartient pas de vous faire publiquement juge de ce qui est dangereux pour le moral de l’armée. C’est pourquoi, le gouvernement qui a, au-dessus de tous, la charge de ce moral a interdit la publication des critiques que vous opposez à l’appréciation de M. le commissaire à la Guerre et à l’Air ».
Bref, le général Georges est prié de tempérer ses ardeurs critiques dont les fondements apparaissent fragiles à de Gaulle.