20 mars 1944 : l’ex-ministre de Vichy Pierre Pucheu est fusillé
Le 20 mars 1944 à Alger l’ancien ministre de Vichy, Pierre Pucheu condamné à mort par un tribunal militaire est fusillé. Ce fils d’un artisan de Beaumont-sur-Oise qui, de 1925 à 1938 a dirigé les services d’exportation du Comptoir sidérurgique de France, est à la veille de la guerre président des Etablissements Japy Frères renfloués par la banque Worms. En février 1941, il intègre le ministère conduit par l’amiral François Darlan ce qui ne surprend pas son entourage.
Il est accusé avec ses amis Jacques Benoist-Méchin, Lehideux, Jacques Leroy-Ladurie d’être membre du mouvement de la synarchie, un groupe de pression économique mandaté par la banque Worms pour investir l’Etat. En juillet 1941, il devient secrétaire d’Etat à l’Intérieur. Il est ministre en titre le 11 août. Pierre Pucheu est redoutable dans le combat qu’il conduit contre les adversaires du régime. Il fait arrêter des résistants alors que l’occupant augmente sa politique de répression et prend des groupes d’otages. Il est impliqué dans l’affaire des otages exécutés de Chateaubriand après l’exécution d’un officier supérieur de la kommandantur de Nantes.
Froid et pragmatique, Pucheu considère au début 1942 que l’Allemagne n’a plus aucune chance de gagner la guerre. Il rédige un mémoire d’entrée en guerre de la France aux côtés des Alliés et le soumet au maréchal Pétain puis au général Giraud qu’il rencontre à Lyon en septembre 1942. Giraud lui promet de l’appeler en Afrique du Nord après le débarquement anglo-américain, l’opération Torch, du 8 novembre 1942. Il se rend en Espagne et attend une réponse de Giraud.
Il reçoit à la mi-mars 1943, une lettre datée du 15 février qui l’autorise à servir dans une unité combattante mais on lui recommande de passer sur l’autre rive de la Méditerranée, sous un nom d’emprunt. Il arrive le 6 mai 1943 à Casablanca mais il est interpellé dès le 11 et placé en résidence surveillée à Ksar el-Souk dans le sud marocain.
Il est mis en accusation le 18 août 1943 par le Comité français de la libération nationale (CFLN)devant le tribunal militaire de Meknès. Il comparait devant cette juridiction le 4 mars 1944. Condamné à mort le 11, il est fusillé le 20 mars 1944 à Hussen Dey près d’Alger. De Gaulle n’a pas suivi la demande de Giraud qui intercédait en sa faveur. Pucheu a commandé son peloton d’exécution. Seuls ont été retenus contre lui l’intelligence avec l’ennemi et la mise à la disposition de la police à l’ennemi. L’affaire des otages de Chateaubriand n’a pas été retenue dans l’instruction.
De Gaulle a refusé la grâce de Pierre Pucheu en invoquant la raison d’Etat. Et d’expliquer à ses avocats : « Rien n’obligeait Pucheu à entrer au gouvernement, rien ne l’obligeait à y rester. En signant les lois d’exception, Pucheu ne pouvait ignorer qu’elles créaient une arme redoutable qui pouvait faire beaucoup de mal aux Français. Je garde mon estime à M. Pucheu. Dans le drame que nous vivons, nos personnes ne comptent pas, notre seul guide doit être la raison d’Etat ». Robert Aron a parlé d’un banc d’essai de l’épuration.