Journée la Déportation: la Fondation du camp de Milles n’a pas oublié
La Fondation du camp des Milles a célébré la Journée nationale de la Déportation comme partout en France et a publié à l’issue de ce temps mémoriel un communiqué dont voici des extraits.
« Abraham, Myriam, Hans, Anna, Susy, Otto…
Des noms d’enfants de son âge, ceux retrouvés de la centaine d’enfants et d’adolescents déportés du Camp des Milles en aout et septembre 1942 vers Auschwitz où ils furent assassinés.
Dans le silence et le recueillement, ces prénoms, ces noms, ces âges ont été lus devant le Wagon du Souvenir, au Camp des Milles. Pour ne pas les oublier, eux ainsi que leurs parents, soit plus de 2000 hommes, femmes et enfants juifs, partis de ce lieu vers la mort programmée.
Puis « pour se rappeler que, face aux extrémismes et aux fanatismes il est possible d’agir au nom du vivre ensemble et des valeurs de justice, de tolérance et d’humanité », sont lus les noms des Justes ayant œuvré pour les internés du Camp des Milles. Et parmi eux, le Pasteur Henri Manen et son épouse Alice, dont le fils était présent à cette commémoration ».
Cette lecture des noms des victimes et des Justes fut un moment très émouvant de la cérémonie qui s’est tenue ce jour au Wagon du Souvenir des Milles à 9h30. Environ 200 personnes étaient présentes. Cette commémoration devait rappeler à tous le drame historique exceptionnel que fut la déportation et rendre hommage à ses victimes et ses héros, survivants ou disparus ».
« Après le dépôt des gerbes, Denise Toros Marter, déportée à 16 ans à Auschwitz, fait la lecture de son «Testament d’Auschwitz » : « Puissent nos héritiers rappeler aux Hommes la folie exterminatrice d’une idéologie innommable contre un peuple qui n’aspirait qu’à la Paix ! Puissent-ils faire preuve de vigilance dans les années et siècles à venir, et ne pas en oublier pour autant la tolérance vis-à-vis des autres ! Puisse le Mémorial des Milles en Provence pour lequel nous nous sommes investis depuis des années, apporter aux jeunes gens qui le visiteront toute la dimension pédagogique recherchée pour faire barrage à la haine !»
Jean-Louis Medvedowsky, Président de l’Union des Déportés, Internés, Familles de Disparus et Fusillés de la Résistance Aixoise a déclare « qu’à l’heure où sous prétexte de questionnements identitaires ou d’évolution sociétale discutés, certaines inhibitions vis-à-vis de la parole raciste semble reculer, il n’est pas inutile de rappeler comme l’expliquait Pierre Bourdieu, que les paroles sont des actes qui tiennent leur force de l’autorité sociale de celui qui les prononce. C’est souligner la responsabilité de toutes celles et de tous ceux qui, revêtus d’une autorité ou d’une position publique, par leur attitude ou par leur propos, tendent à légitimer une inquiétante résurgence d’un triste passé. C’est dire face à ce wagon qui n’est pas « un détail de l’histoire », que pour être digne de l’héritage que nous ont laissé les victimes des déportations, nous devons affirmer notre détermination à rejeter fermement tout discours, tout comportement xénophobe, raciste, stigmatisant et discriminant. »
Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Education : « On joue aujourd’hui avec des ambiguités sur ces sujets extrêmes où l’ambiguité est intolérable et dangereuse, comme le sont les compromis mortifères que des républicains sont parfois tentés de passer avec leurs ennemis plus ou moins masqués. Et l’on voit dans toute l’Europe des responsables politiques jouer avec le feu des intolérances, et faire le lit de violences futures, qui d’ailleurs les balaieraient eux aussi car la liberté et la fraternité finissent toujours par l’emporter… Il est étonnant de voir à quel point ces apprentis sorciers ont oublié les engrenages qui d’extrémismes en réactions conduisent aux radicalisations et à l’affrontement dont chacun sort perdant et la Nation exsangue ».
Je suis formatrice avec des jeunes en insertion professionnelle.
Je sens le racisme et les discriminations monter de toute part,
y compris chez les plus jeunes.
Parce que la mémoire se perd,
parce que certaines valeurs sont en danger
parce qu’il est plus facile de hair que d’essayer de comprendre….
quelques fois j’ai peur.