21 août 1944 : le général Leclerc abat sa carte secrète
Le 21 août 1944, le général de Gaulle qui vient de s’entretenir avec Eisenhower comprend que le général George Patton commandant la 3e armée US va franchir la Seine au nord et au sud de Paris pour filer au plus vite vers la Lorraine. Derrière lui, la 1re armée du général Hodges regroupera les vainqueurs de l’Orne. De Gaulle comprend alors que rien n’est prévu pour Paris même si ses arguments aussi bien politiques que stratégiques sont percutants. Pour de Gaulle, cela signifie que les tergiversations américaines sont destinées à laisser Laval imposer Edouard Herriot comme interlocuteur. En réalité le commandement suprême allié déteste agir dans l’urgence.
Une réunion est prévue sur la question de la capitale avec le général Omar Bradley mais seulement le lendemain. Or depuis le 20, les Alliés savent qu’Hitler a dit que si nécessaire la guerre doit être menée dans Paris sans égard pour son patrimoine. Sachant tout cela, Leclerc a plus envie que jamais de désobéir: « Le but prime les moyens ».
C’est Guillebon qui est chargé de lourde mission : « Je fais tout ce que je peux et après votre départ, j’insisterai sans arrêt pour me rapprocher de Paris. Vous comprenez qu’il ne faut pas que les Alliés entre à Paris sans l’armée française. Cela fausserait le sens national et international de l’événement. Allez donc aussi vite que possible, si une unité alliée entre à Paris, je veux que vous entriez avec elle. je vous rejoindrai, mais, en attendant, vous exercerez à ma place envers les Alliés comme envers les Français, les fonctions de gouverneur militaire ». Avant de conclure : « Et puis, si vous pouvez entrer tout seul, n’hésitez pas, allez-y ».
C’est ainsi que la colonne Guillebon parcourt les deux cents kilomètres qui séparent Argentan d’Arpajon. Tout se passe dans la discrétion puisque ce n’est qu’en soirée que parviennent au 5e corps US auquel est rattachée la 2e DB une rumeur comme quoi des soldats français s’approchent de Paris. L’information est démentie par le commandant Gribius, chef du 3e bureau. Personne n’a quitté la Normandie sans ordre.
Et Leclerc ne compte pas annoncer sa décision avant le lendemain. Il compte sur le soutien du général de Gaulle, ce qui est une évidence car le président du Gouvernement provisoire de la République française veut que la libération de Paris revienne à la 2e DB et il tient à être maintenant le plus tôt possible dans la capitale.
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