1er février 1941 : de Gaulle ne pense qu’à l’avenir pour construire la victoire
Dans une longue lettre très argumentée qu’il adresse le 1er février 1941 à André Labarthe, le directeur de la revue « La France libre », le général de Gaulle lui explique pourquoi il ne peut pas évoquer devant les lecteurs, les événements auxquels il a pris part comme membre du dernier gouvernement régulier de la France au cours de la crise dramatique qui a précédé l’armistice. Il redit que son seul objectif a alors été de maintenir la France dans la guerre. Il s’agit de la confirmation d’une position qu’il a défendue dès le départ.
« En dépit de l’effondrement, la France continue à résister de beaucoup de manières. Il ne faut nullement désespérer qu’elle se rassemble peu à peu dans la lutte active pour sa libération. Ce n’est pas le moment d’ouvrir des procès ». Avant de glisser toutefois : « La seule chose que je tienne à dire sur un tel sujet, c’est que j’ai conservé entière ma respectueuse estime pour celui qui fut, dans ce drame, mon chef et mon ami, le président Paul Reynaud. S’il fut finalement submergé par la vague, cet homme lucide et courageux n’a pas une minute, je l’atteste, cessé de travailler et d’agir pour l’honneur et l’intérêt de la France. On ne jette pas la pierre au nageur que ses forces trahissent avant qu’il ait atteint le rivage ».
Puis, il conclut en ces termes : « La France était en 1940, l’avant-garde occidentale de la liberté. Cette avant-garde fut défaite, mais la bataille continue et nous y prenons part avec les armes qui nous restent. Remettons donc à plus tard l’histoire des combats d’hier. Nous en jugerons sereinement le jour où, la victoire acquise, ils paraîtront ce qu’ils sont, je veux dire le premier acte d’une tragédie dans laquelle la France jouera un grand rôle jusqu’au bout, d’une tragédie qui finira bien ».