27 février 1915 : un nouvelle hécatombe du côté du fortin de Beauséjour (Marne)
Ce grignotage imaginé par le général Joseph Joffre de la Main de Massiges jusqu’à Beauséjour, Perthes, le Mesnil-lès-Hurlus est un échec. Les hommes tombent, les régiments se succèdent. On compte les cadavres et la progression d’un jour est annulée le lendemain par une ou plusieurs contre-attaques allemandes. Le général commandant la 4e armée a beau marteler la nécessité : « de mener énergiquement les attaques afin de ne pas donner l’impression qu’il est impossible de crever le front allemand et pour obtenir un succès destiné à décider les neutres à s’engager », la situation est dramatique.
Le 27 février 1915, le Général assiste depuis l’observatoire du Balcon sur les hauteurs au sud de la petite rivière du Marson, à l’attaque qui est menée par le 3e régiment colonial, les 43e, 91e et 284e régiments d’infanterie, du fortin de Beauséjour. Déjà le 23 février vers 16 heures, le 23e colonial l’avait enlevé pour la septième fois! Le 24 au lever du jour le 23e devait céder diminué de seize officiers et de mille hommes comme l’a expliqué Louis Guiral : « Des contre-attaques incessantes nous avaient assaillis, durant toute la nuit, cet ensemble de trous qui n’étaient plus qu’à peine des tranchées et des boyaux où les blessés s’enlisaient, nous avait été disputé mètre à mètre. Puis les grenades vinrent à manquer et nos mitrailleuses, enrayées par la boue, ne furent plus que d’inertes ferrailles; on se battit à la baïonnette, à coups de crosse et de pioche ».
L’assaut du 27 février 1915 submerge le terrain recouvert des cadavres des braves. Les hommes du 3e colonial franchissent la première ligne en arc, les deux tranchées obliques et continuent de progresser sur les arrière-lignes allemandes. « Des observatoires, on put suivre jusqu’aux pentes de la Butte du Mesnil, où elle s’éparpilla, leur attaque solitaire et folle ». Guiral conclut cette journée terrible par ce récit : « Au cours de la nuit suivante, ayant échappé aux réserves ennemies, à nos barrages et aux balles de nos guetteurs, quelques-uns de ces hommes purent en rampant revenir dans nos lignes. Ce furent les seuls survivants de l’unique trouée de cette offensive ». On aboutit donc à des hécatombes sans vaincre la résistance ennemie.