25 mai 1945 : de Gaulle reçoit Montgomery avec solennité
Le maréchal Bernard Law Montgomery est reçu solennellement à Paris le 25 mai 1945 et le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française se réserve une allocution déterminante et marquant les excellentes relations entre la Grande-Bretagne et la France. « C’est un grand honneur est une grande joie que d’avoir aujourd’hui parmi nous le maréchal Montgomery. Je le lui dis au nom du gouvernement français et au nom de nos armées. S’il le veut bien, je le lui dis aussi en mon nom personnel ». Cette rencontre est jugée importante par le Général qui tient à ce que des liens durables se tissent pour l’après guerre. « On pourrait d’étonner du hasard qui a toujours placé le maréchal Montgomery, depuis le début de cette guerre, précisément dans les lieux, juste aux moments et exactement dans les situations où se décidaient les grands combats, ceux dont a dépendu le destin du monde ».
Une lecture juste d’un parcours
Cette remarque est très pertinente, parce que l’officier général britannique a une carte de visite militaire en phase avec ce propos qui n’a rien de surfait. « Il commandait à Dunkerque la magnifique 3e division. Il tenait avec les 5e, puis 12e corps d’armée en 1940 et 1941 un morceau du sol d’Angleterre. Il prenait en 1942, dans le pire danger qu’ait couru l’Orient, la tête de la glorieuse VIIIe armée et la menait depuis El-Alamein jusqu’à Tunis, en passant par Benghazi, Tripoli, le Mareth et Enfidaville dans l’extraordinaire épopée du désert. Il prenait avec cette même armée, une part essentielle à la campagne d’Italie. Enfin commandant de groupe d’armées, il débarquait en France en juin 1944 et depuis la Normandie, par les Flandres et l’Artois, la Belgique, la Hollande, la Westphalie, le Hanovre, le Danemark, il poussait devant lui, brisait, morceau par morceau et faisait à la fin capituler une grande partie des armées allemandes ».
Ce résumé descriptif des engagements auxquels Montgomery a pris part atteste sa place si particulière dans le conflit. « Partout où des forces et des chefs français ont combattu à ses côtés et, parfois sous ses ordres, c’est-à-dire, je le crois bien, du premier au dernier jour de cette guerre, n’est-ce pas Koenig, n’est-ce pas Leclerc, n’est-ce pas Juin ? Ils ont éprouvé pour lui la plus extrême confiance et la plus complète estime ». Lorsque de Gaulle a parlé de hasard, c’est pour mieux rebondir sur les qualités essentielles d’un Montgomery qui a aussi été une forte tête : « J’ai parlé, parce que c’est un terme consacré, du hasard qui avait mis en relief dans ces occasions décisives, le maréchal Montgomery. Mais il n’y avait pas là de hasard. Il y avait un grand homme de guerre qui recevait toujours la charge des plus hautes responsabilités et en tirait le plus grand honneur parce qu’il en était capable ».
Inscrit dans l’histoire
Et le général ajoute en insistant bien sur les mots : « Les historiens, Monsieur le Maréchal, étudieront longuement vos victoires, votre art et votre manière. Moi, je dirai simplement aujourd’hui que vous êtes un soldat et un chef exceptionnels par la valeur et le caractère et que vous avez noblement et magnifiquement servi votre roi et votre pays et, par eux, la cause de tous les hommes de bonne volonté dans ce monde. Je me permets d’ajouter qu’en le faisant, vous avez aussi servi la France. Car, en vérité et j’espère que M. l’ambassadeur de Grande-Bretagne m’approuvera, le sort de nos deux vieux et nobles pays est lié avec celui de tout ce qui, dans l’univers, vaut la peine de vivre, de combattre et, s’il le faut de mourir ». La chute de cette allocution est hors protocole mais très sympathique : « Et c’est pourquoi, c’est de tout cœur que nous levons nos verres en l’honneur du maréchal Montgomery et des glorieuses armées britanniques ».
Montgomery qui est un pur produit de l’Académie militaire royale de Sandhurst où il a été admis en 1906 a servi au régiment royal du Warwickshire avec lequel il a été grièvement blessé le 13 octobre 1914. Il a aussi la Grande Guerre en commun avec de Gaulle. Rétabli il s’est battu dans la Somme, à Arras, au Chemin des Dames. Il a été professeur à l’Ecole de guerre de Camberley, aux Indes puis en Palestine. C’est lui qui le 14 juin 1944 a accueilli le général de Gaulle à Creully, dans sa célèbre roulotte PC. Il a été promu maréchal, le 1er septembre 1944. « Chez le grand chef britannique, la prudence et la rigueur vont de pair avec l’ardeur et l’humour. Ses opérations vont leur train comme prévu », a mentionné le Général dans ses Mémoires.