13 octobre 1940 : le discours de Pétain très critiqué par la presse alliée
Le discours radiodiffusé du maréchal Pétain le 11 octobre 1940 suscite de nombreux commentaires les 12 et 13 octobre. Les critiques portent sur le fait qu’il recommande aux Français de revenir aux valeurs traditionnelles, s’interroge sur les causes du désastre de mai-juin 1940 et propose ses solutions pour un redressement national, par un « ordre nouveau ». Il parle aussi de collaboration avec l’Allemagne. Cela apparaît comme de la redite. « Le choix appartient d’abord au vainqueur ; il dépend aussi du vaincu. Si toutes les voies nous sont fermées, nous saurons attendre et souffrir. Si un espoir au contraire se lève sur le monde, nous saurons dominer notre humiliation, nos deuils, nos ruines. En présence d’un vainqueur qui aura su dominer sa victoire, nous saurons dominer notre défaite », ose-t-il.
Il annonce aussi que l’égalité, qui fait partie de la doctrine républicaine, n’est plus de mise. « Que signifierait d’ailleurs, en 1940, la liberté (l’abstraite liberté) pour un ouvrier chômeur ou pour un petit patron ruiné, sinon la liberté de souffrir sans recours, au milieu d’une nation vaincue ? Nous ne perdrons, en réalité, certaines apparences trompeuses de la liberté que pour mieux en sauver la substance. L’histoire est faite d’alternances entre des périodes d’autorité dégénérant en tyrannie et des périodes de libertés engendrant la licence. L’heure est venue pour la France de substituer à ces alternances douloureuses une conjonction harmonieuse de l’autorité et des libertés. Le caractère hiérarchique du nouveau régime est inséparable de son caractère social », assène-t-il ce qui est vu par la presse anglaise comme une tromperie.
Sur le plan économique il parle de suppression du droit de grève, de contrôle de l’économie et du besoin d’une monnaie forte. « Deux principes essentiels nous guideront : l’économie doit être organisée et contrôlée. La coordination par l’État des activités privées doit briser la puissance des trusts et leur pouvoir de corruption. Bien loin donc de brider l’initiative individuelle, l’économie doit la libérer de ses entraves actuelles en la subordonnant à l’intérêt national. La monnaie doit être au service de l’économie, elle doit permettre le plein essor de la production, dans la stabilité des prix et des salaires. Une monnaie saine est, avant tout, une monnaie qui permet de satisfaire aux besoins des hommes. Notre nouveau système monétaire ne devra donc affecter l’or qu’à la garantie des règlements extérieurs. Il mesurera la circulation intérieure aux nécessités de la production ». Ce qui est vu par les commentateurs extérieurs et en particulier alliés comme du verbiage de circonstance.